Information Eaux

page 2 En un siècle, en France et dans les pays industrialisés, la composition des eaux usées domestiques a fortement été modifiée : initialement polluées essentiellement par les matières fécales, ces eaux sont désormais chargées de nouvelles substances, notamment de micropolluants, présents à très faibles concentrations dans les eaux. Malgré les efforts réalisés pour réduire la pollution avec la mise en place de nouveaux processus de traitement des eaux usées, certains polluants se retrouvent dans le milieu naturel. Pour comprendre cette évolution, il faut rappeler les formidables changements survenus depuis la fin du XIX ème siècle dans le mode de vie des français. Denouvelles infrastructureset desappareilsélectroménagers En 1 er lieu, l’accès à l’eau potable s’est généralisé, ce qui a contribué à l’augmentation du volume d’eau consommé. En France, ce n’est qu’à partir de 1880 que les ménages commencent à disposer d’eau courante à domicile et les premiers processus de désinfection de l’eau voient le jour autour des années 1914. Ceci s’est accompagné de l’apparition de WC intérieurs et de douches ou baignoires dans les logements. Aujourd’hui, 99% des logements ont des sanitaires, contre seulement en 1954 10% de douches ou baignoires et 27 % de WC. La diffusion à grande échelle d’appareils électroménagers, tels que les lave-linges et les lave-vaisselles, a contribué également à l’augmentation du volume d’eau consommé par habitant. Ainsi, un lave-linge est présent dans 8% des ménages et un lave-vaisselle dans 5% des ménages au milieu de XX ème siècle, alors qu’en 2013, 96% des foyers français étaient équipés de lave-linge et 57% de lave- vaisselle. Ainsi, avec l’évolution des modes de vie, la consommation d’eau augmente fortement, passant de 15 à 20 litres d’eau par jour et par habitant au début du XX ème siècle, se stabilisant autour de 150 l/j/habitant dans les années 1990 et 145 l/jour en 2012. Cette augmentation des consommations d’eau a donc provoqué un accroissement des volumes d’eaux usées domestiques rejetés. Ces usages de l’eau et l’amélioration des conditions de vie ont occasionné l’essor de familles de produits contenant des substances nouvelles, potentiellement polluantes. Évolution des comportements Le XX ème siècle est fortement marqué par l’évolution du mode de vie : dans cette période d’industrialisation croissante, les modes de consommation changent, de nouveaux points de vente apparaissent, les hypermarchés, rendant accessibles de nouveaux produits, dits de « grande distribution » tels que les cosmétiques, les lessives et les nettoyants ménagers. De plus, la généralisation de l’accès aux soins s’est traduit par un usage accru des médicaments. Cette facilité d’accès aux produits de grande consommation et aux médicaments va entraîner la diffusion de substances chimiques contenues dans ces produits. En matière d’alimentation , il est possible d’observer une augmentation de la consommation des produits transformés. Ces produits, contiennent des substances chimiques, telles que des conservateurs (parabènes), des colorants, des acidifiants et des anti-oxydants. En prenant l’exemple des jus de fruits, il est possible de voir que la consommation moyenne en France passe de 3 à 4 l/habitant/an dans les années 1980 à 22 l/habitant/an depuis 2010. En matière d’hygiène et de cosmétiques , les produits les plus utilisés, et qui sont en contact direct avec l’eau, sont les gels douches et les shampoings. Les principales substances présentes dans ces produits sont les conser- vateurs, tels que les parabènes et le méthylisothiazolinone (MIT), les silicones et les agents nettoyant moussant comme le sodium laureth sulfate (SLS). Environ 174 millions de flacons de shampoings et 186 millions de flacons de gels douches se vendent en France (en 2012) chaque année, ce qui correspond à près de 150 millions de litres pour ces 2 produits. À cela s’ajoute plus de 5,6 millions de doses de 150 g (soit 20 g/habitant/jour) de lessives , riches notamment en parfums de synthèse et en ethano- lamines, qui sont utilisés lors des 7,3 milliards de lessives par an faites par les ménages français. Avec le développement de l’industrie pharmaceutique et des points de ventes de médicaments , près de 2.800 substances sont présentes sur le marché français. Les antal- giques (paracétamol et ibuprofène), les œstrogènes et les antidépresseurs sont les catégories les plus consommées. Ainsi, les produits utilisés au quotidien contiennent un ensemble de substances chimiques qui sont acheminées vers les stations d’épuration après utilisation. Des polluants non dégradés par les procédés classiques d’épuration sont rejetés dans les eaux de surface, mais aussi les eaux souterraines. Leur impact peut être accru par les interactions, qui se produisent entre molécules, et cet effet cocktail peut s’avérer nocif. Quant aux composés éliminés des eaux épurées, ils peuvent se retrouver concentrés dans les boues produites, qui peuvent être épandues sur les terres agricoles et donc rejoindre le milieu naturel. Certains polluants peuvent aussi subir des biodégradations et générer ainsi des métabolites, dont la toxicité secondaire et le devenir dans l’eau traitée et dans les boues restent encore à étudier. Ces extraits proviennent d’une synthèse d’Aminata DIALLO, étudiante d’AgroParisTech Montpellier : « Évolution des polluants domes- tiques ayant atteint le Grand Cycle de l’Eau ». Le texte intégral peut être commandé à l’adresse : eaudoc@oieau.fr . La liste complète des Synthèses disponibles est consultable sur le site : www.oieau.org/eaudoc , rubrique « Nos publications ». IMPACTS DE L’ÉVOLUTION DU MODE DE VIE DOMESTIQUE SUR LA POLLUTION DES RESSOURCES EN EAU La synthèse de l’OIEau ❰ ❰ ❰ ❰ ❰ ❰ ❰ ❰ ❰ ❰ ❰ ❰ ❰ ❰ ❰ N° 626 Des pinces à linge au sèche-linge

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