Information Eaux

page 2 Les cyanobactéries sont des micro-organismes qui se rencontrent dans des milieux écologiques variés marins et d’eau douce et dans les cours d’eau. Leur prolifération dans un plan d’eau entraîne une réduc- tion de la biodiversité phytoplanctonique, une désoxygé- nation du milieu, et la diminution de la transparence de l’eau. Mais le risque majeur lié à leur présence est le risque d’in- toxication en cas de production de toxines nocives pour la santé humaine et animale. Ces toxines sont classées selon leurs effets sur la santé : elles peuvent agir sur le foie (hépatoxines), le système nerveux (neurotoxines) ou provoquer des irritations en cas de contact avec la peau (dermatoxines). Les conditions pour la prolifération des cyanobactéries La prolifération de ces micro-organismes se déroule dans des conditions environnementales et physico-chimiques spécifiques : l température élevée, ce qui rend leur prolifération par- ticulièrement marquée en période estivale, l eau stagnante - débit faible, l disponibilité importante en éléments nutritifs (azote et phosphore) : le phosphore est considéré comme le facteur limitant à la prolifération des cyanobactéries car cet élément est naturellement rare dans l’eau. L’azote n’est pas un facteur limitant à leur développe- ment car certaines espèces de cyanobactéries peu- vent fixer l’azote atmosphérique dissous dans l’eau. Quel cadre règlementaire est applicable ? La présence de toxines et les problèmes sanitaires asso- ciés ont conduit les Autorités à mettre en place un cadre règlementaire. Pour les eaux destinées à la consommation humaine, le décret n° 2001-1220 du 20 décembre 2001 puis l’arrêté du 11 janvier 2007 ont établi la valeur limite d’un micro- gramme par litre au dosage des microcystines totales (cyanotoxines les plus communément produites). Pour les eaux à usage récréatif, les gestionnaires des plans d’eau sont tenus d’effectuer une surveillance visuelle de leurs sites de baignade et propose trois niveaux d’alerte (maintien des activités, limitation ou interdiction de la baignade) en fonction du nombre de cellules de cyanobactéries par millilitre (Circulaire DGS/SD 7 A n° 2003-270, Directive européenne 2006/7/CE). Cette surveillance visuelle présente de nombreuses limites : l La production de cyanotoxines peut précéder l’appa- rition d’efflorescence. l L’efflorescence peut n’être visible qu’à une certaine heure de la journée (certaines espèces sont capables de réguler leur position au sein de la colonne d’eau), dans la matinée lorsque l’activité photosynthétique des cyanobactéries est maximale. l Le manque d’expérience ou de formation de certains observateurs. Au-delà de ces recommandations de surveillance, aucun protocole de prélèvement n’est préconisé pour l’échan- tillonnage. Généralement, dans le cadre d’un protocole de suivi, un seul point de prélèvement, à l’endroit le plus fréquenté ou au lieu de formation de l’efflorescence, est réalisé. Cependant, un seul point ne peut s’avérer suffi- sant car il n’est pas représentatif de l’ensemble de la biomasse présente dans le plan d’eau, surtout lorsque la surface est importante. Quelles mesures curatives ? La production de toxines est la principale préoccupation des autorités sanitaires et des gestionnaires conduisant à l’établissement de mesures de réduction des risques de prolifération et d’exposition humaine. La maîtrise des apports de phosphore est un point de contrôle déterminant. Dans les milieux agricoles et urba- nisés, le phosphore peut provenir de sources externes telles que les rejets d’assainissement des eaux usées et les intrants agricoles. Les plans d’eau disposent égale- ment d’une charge interne de phosphore contenue dans les sédiments. Le relargage du phosphore se déroule lorsque l’interface eau-sédiments se trouve en condition anoxique. Les plans d’eau sont particulièrement sujets aux dépôts de sédiments en raison des faibles courants. Le succès des mesures de restauration repose donc sur la réduction des apports externes de phosphore, ainsi que le renouvellement de l’eau pour évacuer le phosphore libéré par les sédiments. Au vu des interactions complexes existant entre facteurs biotiques et physico-chimiques pour expliquer l’appari- tion des cyanobactéries, le choix des mesures de gestion doit s’appuyer sur une analyse approfondie du fonction- nement du milieu, car une mauvaise connaissance du milieu environnant et du fonctionnement du plan d’eau peut conduire à la mise en place d’actions coûteuses et peu efficaces. Ces extraits proviennent d’une synthèse d’Elise COLBERT, étudiante d’AgroParisTech Montpel- lier : ”Les proliférations de cyanobactéries : facteurs de développement, conséquences sur les usages et mesures de gestion”. Le texte intégral peut être commandé à l’adresse : eaudoc@oieau.fr . La liste complète des Synthèses disponibles est consultable sur le site : www.oieau.org/documentation CYANOBACTÉRIES : COMMENT LUTTER CONTRE LEUR PROLIFÉRATION ? La synthèse de l’OIEau ❰ ❰ ❰ ❰ ❰ ❰ ❰ ❰ ❰ ❰ ❰ ❰ ❰ ❰ ❰ ❰ ❰ N° 627

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